ÉCRIRE

Quand le réel rencontre l'imaginaire 
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Technique mixte, peinture, collage, encre sur panneau de bois. 20x20. 2013

ÉCRIRE

Être dans l’écriture ; délimiter un blanc avec des murs de papier à fines rayures mauves ou un écran d’ordinateur, vertical. Élever ces remparts infranchissables par les objets du réel, météorites venues de l’extérieur, pour créer un univers stable. Un reposoir.
Contrôler cette surface, la cultiver, jalousement, pour en extraire des mots à livrer au hasard ou plus exactement au lecteur anonyme et universel, cet étrange familier que l'on ne connaît pas.
Puis, grâce aux mots, étendre cette espace. Étendre les limites de l’intérieur en plongeant dans le gouffre profond et frais de la préhistoire des mots. Les mots embryonnaires qui volent entre les humains et les choses, dans la demi conscience où les berce l’incertitude des « non dits », des « pas encore perçu » et des « jamais dévoilé ».
Choisir ses mots, les laisser venir, s’épanouir, s'ouvrir à soi. Se méfier de ceux, trop dociles, trop disgraciés par l’habitude. Ne pas repousser non plus, les très clairs, mangés par la surexposition, aveuglants par leur trop plein de simplicité.
Attendre, attendre qu’ils veuillent bien venir comme les voyageurs fragiles qui disent bien l’éphémère de la vie des hommes, la distorsion dans la continuation du genre, le miroitement volatile du portrait de l’humanité. 
Être semblable et différent.
Soupeser un mot, comme on regarde une image, dans sa globalité. Voir, entendre les références plurielles, ne dévoiler que ses lettres et laisser au lecteur le soin d'imaginer le reste, la subtile face cachée des mots qui ouvriront la boîte à émotions, le vécu brut, engrangé dans l’inconscient, pêle-mêle : mots, images et sensations.
Effleurer, caresser la conscience avec d’aussi anodins outils que les mots du langage courant et dégager les rêves, les références, les passerelles.
Appeler l'autre dans le silence, renvoyer vers l’intime dans l’apparence de l’universel.

Anélias.B