Mensonges ou Men’s
song,
la complainte de
l’homme aux cent mensonges
J’ai mis mes
bigoudis, mes gros sabots,
J’ai pris mon
parapluie noir si commun
Si commode,
si…Commonwealth
Et puis…Je me suis
converti.
Je joue un jeu,
Drôle de je,
Dangereux pas de
deux.
Je marche à pas de
velours,
Gros chat gris,
Panthère noire,
Ou fauve à la robe
soyeuse…
Je marche sur le
bitume,
Dans l’encre du
mensonge,
Et je fais claquer
mes talons aiguille sur le pavé.
Flic, flaque, fric,
claque.
Un homme en bigoudis
et chemise de nuit,
Un travestis sous la
pluie, qui a-t-il de plus à dire…
La vie, la folie,
l’ennui ?
Je songe devant le
miroir à toutes ces histoires,
À tous ces songes,
ces mensonges.
Je fume et je pense
à un ange…
Aller à sa
rencontre,
Fuir cette
condition.
Vite, je m’extirpe,
Je me dégage de
ces trognes,
De ces trombines,
ces bobines,
De tous ces
trombones à coulisse…
De tous ces films
qui me ligotent,
M’étreignent et
me lacèrent…
Le temps passe à 33
mensonges par secondes
Mon amour,
Mais, il est trop
tard,
Tu es partie,
Et je reste en plan
avec ma queue de homard.
Film noir et blanc,
Costard, cravate,
Je ferme mes yeux
bavards.
Circulez, plus rien
avoir.
Sous la lune,
Encore un peu plus
loin dans l’opacité de la nuit
Notre-Dame de Paris,
Une pluie de
grenouilles crachée par des gargouilles,
Leur peau de reptile
étrange...
Je me souviens avoir
mangé des pétales de peau de serpent,
C’était en chine,
il y a longtemps !
Je ferme les yeux,
Je ne veux plus les
voir…
Cauchemar amphibien,
Je hurle,
Elles bouillonnent.
Ce sont des mondes
délirants
Aspirine, comprimé
effervescent,
Vite.
Je fume encore un
peu,
Le temps court
toujours…tandis que je laisse filer
Dans les hangars,
les studios,
Les super héros
sont rangés.
Ils finissent de
vieillir,
Ternissent…
S’éternisent de numéro bis
En séries B.
Mais moi,
Je veux vivre ma
folie,
Alors je fais ma
mise en plis ;
Je pare ma
chevelure,
D’extraordinaires
aventures
Et tant pis pour les
cancans,
Les on-dit ou le
qu’en dira-t-on !
Aujourd’hui, je
serai reine de la nuit.
Ce soir, devant la
mire, j’irai au-delà de mes mensonges.
Ce soir j’aurai le
courage des héros :
Je braverai les
apparences
Je les travestirai,
les rehausserai de couleurs lumineuses,
Idéales et
sublimes.
Et toi, ange ou
démon, tu viendras,
Je le sens...
Tu t’assiéras à
côté de moi
Et tu me diras la
vérité,
La vérité de
l’autre côté de l’écran.
Tu me parleras de la
complexité des aiguillages,
De la subtilité des
engrenages,
Tu me diras toute la
délicatesse des rouages
Qui tresse la
vérité, le mensonge et l’être,
Et fait de nous des
êtres hybrides à trois têtes.
Je marche dans la
nuit,
Je suis interdit. Je
suis zone interdite.
Un voile, des
barbelés, des fils emmêlés,
Des pintades, des
perdrix, des rêves endormis.
On me cherche des
poux.
On me vole, on me
voile, on me viole.
Je ferme les yeux,
fume encore un peu.
Le temps a passé.
Le passé est encore
un peu plus loin dans le passé,
Un peu plus flou
dans ma tête de filou.
Je regarde la mire
et ses rayures hypnotiques,
Je fume une dernière
cigarette,
Assis sur le canapé.
Cette nuit encore,
tu n’es pas venu, mon ange,
Mon démon…
Demain… peut-être…
Demain… tu
viendras,
Je t’attendrai et
qu’importe ces jours ou ces nuits,
A t’espérer,
Puisque je suis en
dehors de tout circuit
Et que tu n’existes
pas.