lundi 16 juin 2014


Le fumeur d'opium, collage numérique. 2014

 

Crépuscule



Solubles dans l’air du temps,
Les volutes bleutées d'un très vieux fumeur chinois
Croisent le long du fleuve rouge.

Oublieuses de leurs origines,
Fiévreuses de tant d'opium inhalés et de songes entrevus,
Elles ouvrent les portes de la nuit,
Voilent la réalité d'une étamine de soie marine.

Assis au bord de la route, dans les hamacs,
Les anciens fument le tabac gris,
Des plantations des hauts plateaux.

Ils emplissent leur pipe à eau,
Sifflant, gargouillant joyeusement,
Et chevauchent d’incertains paradis,
Où des chimères polies, dansent.
Elles dansent et leurs sourient,
Étoiles lointaines des imageries de leur enfance.

Les femmes cuisent le repas du soir,
Industrieuses, précises, efficaces,
Tandis qu'inexorablement,
Les eaux ocres, saturées d'argile,
Déroulent leur cours à la pupille incandescente.

Le poisson carpe, vieux de mille ans
Y nage, invisible et souverain.
Il a sur sa joue lisse, un cil unique,
Long comme tous les bras du fleuve réunis.
Il sait d’instinct tout ce qui s’y passe,
Il comprend les âmes sans les juger.

Le majestueux poisson-chat défie des contraires,
Délie les rubans aux momies fatiguées,
Libère l’énergie des mondes assoupis,
Vole au dessus des limbes, libéré de tout souci.

Anélias.B



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