La vie comme un
château de sable
J'ai remué ciel et
terre, agité la toile, carillonné sur les blogs, commenté mille et
unes images rocambolesques ou fantasques. J'ai créé des cercles,
répondu à des enquêtes, validé des participations à des jeux
pour gagner un voyage, un téléphone, une voiture, un appareil
photo.
J'ai écumé les sujets passionnants, les itinéraires des
voyageurs lointains, les unes des journaux sérieux, les faits
divers, les documentaires
J'ai signé des pétitions, fait des dons,
découvert des associations pour la défense de langues singulières.
J'ai englouti des heures et des kilomètres de « timeline »
sur les réseaux sociaux. J'ai joué en ligne avec des adversaires
inconnus, rappelé des amis d'enfance, partagé des contenus. Je me
suis perdu dans les arcanes des FAQ, ai renoncé à comprendre les
fonctionnements, ai multiplié les interventions dans les projets de
construction participative, des images et des textes qui sont
actuellement dans les limbes et n'en sortiront sans doute jamais.
J'ai appris à conjuguer des verbes rares, découvert des synonymes
inattendus, des expressions imagées. J'ai corrigé mes erreurs
d'orthographe, publié des poèmes, édité des « post »
et des billets. J'ai payé en ligne, commandé des livres, vendu des
objets inutiles.
J'ai visionné des vidéos, des spectacles, des
photos de famille, des albums d'universités, d'écoles,
d'entreprises.
Le monde était là,
vivant, vibrant, à portée de clic et moi, j'étais derrière mon
écran.
Anélias.B
