vendredi 24 janvier 2014

Men’s song

Men's Song
 http://anelias.e-monsite.com/
Technique mixte, peinture, collage sur panneau de bois. 60x80. 2009

Mensonges ou Men’s song,
la complainte de l’homme aux cent mensonges


J’ai mis mes bigoudis, mes gros sabots,
J’ai pris mon parapluie noir si commun
Si commode, si…Commonwealth
Et puis…Je me suis converti.

Je joue un jeu,
Drôle de je,
Dangereux pas de deux.

Je marche à pas de velours,
Gros chat gris,
Panthère noire,
Ou fauve à la robe soyeuse…

Je marche sur le bitume,
Dans l’encre du mensonge,
Et je fais claquer mes talons aiguille sur le pavé.

Flic, flaque, fric, claque.

Un homme en bigoudis et chemise de nuit,
Un travestis sous la pluie, qui a-t-il de plus à dire…
La vie, la folie, l’ennui ?

Je songe devant le miroir à toutes ces histoires,
À tous ces songes, ces mensonges.

Je fume et je pense à un ange…

Aller à sa rencontre,
Fuir cette condition.

Vite, je m’extirpe,
Je me dégage de ces trognes,
De ces trombines, ces bobines,
De tous ces trombones à coulisse…
De tous ces films qui me ligotent,
M’étreignent et me lacèrent…

Le temps passe à 33 mensonges par secondes
Mon amour,
Mais, il est trop tard,
Tu es partie,
Et je reste en plan avec ma queue de homard.

Film noir et blanc,
Costard, cravate,
Je ferme mes yeux bavards.
Circulez, plus rien avoir.

Sous la lune,
Encore un peu plus loin dans l’opacité de la nuit
Notre-Dame de Paris,
Une pluie de grenouilles crachée par des gargouilles,
Leur peau de reptile étrange...
Je me souviens avoir mangé des pétales de peau de serpent,
C’était en chine, il y a longtemps !

Je ferme les yeux,
Je ne veux plus les voir…
Cauchemar amphibien,

Je hurle,
Elles bouillonnent.
Ce sont des mondes délirants
Aspirine, comprimé effervescent,
Vite.

Je fume encore un peu,
Le temps court toujours…tandis que je laisse filer

Dans les hangars, les studios,
Les super héros sont rangés.
Ils finissent de vieillir,
Ternissent… S’éternisent de numéro bis
En séries B.

Mais moi,
Je veux vivre ma folie,
Alors je fais ma mise en plis ;
Je pare ma chevelure,
D’extraordinaires aventures
Et tant pis pour les cancans,
Les on-dit ou le qu’en dira-t-on !

Aujourd’hui, je serai reine de la nuit.

Ce soir, devant la mire, j’irai au-delà de mes mensonges.
Ce soir j’aurai le courage des héros :
Je braverai les apparences
Je les travestirai, les rehausserai de couleurs lumineuses,
Idéales et sublimes.

Et toi, ange ou démon, tu viendras,
Je le sens...
Tu t’assiéras à côté de moi
Et tu me diras la vérité,
La vérité de l’autre côté de l’écran.

Tu me parleras de la complexité des aiguillages,
De la subtilité des engrenages,
Tu me diras toute la délicatesse des rouages
Qui tresse la vérité, le mensonge et l’être,
Et fait de nous des êtres hybrides à trois têtes.

Je marche dans la nuit,
Je suis interdit. Je suis zone interdite.
Un voile, des barbelés, des fils emmêlés,
Des pintades, des perdrix, des rêves endormis.
On me cherche des poux.
On me vole, on me voile, on me viole.
Je ferme les yeux, fume encore un peu.

Le temps a passé.

Le passé est encore un peu plus loin dans le passé,
Un peu plus flou dans ma tête de filou.
Je regarde la mire et ses rayures hypnotiques,
Je fume une dernière cigarette,
Assis sur le canapé.

Cette nuit encore, tu n’es pas venu, mon ange,
Mon démon…
Demain… peut-être…
Demain… tu viendras,
Je t’attendrai et qu’importe ces jours ou ces nuits,
A t’espérer,
Puisque je suis en dehors de tout circuit
Et que tu n’existes pas.

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