jeudi 16 janvier 2014

Boulevard de l'écriture

Image numérique. Extrait d'un diaporama réalisé en 2007


Cher ami,
ce soir, j’avais envie, de vous écrire des phrases « grands boulevards ». Des phrases longues, balayées par la pluie, striées par le vent… des phrases bruissantes d’énergie, crépitantes d’électricité où s’engouffreraient mille idées humaines, mille sentiments, mille émotions. Ce soir, j’ai aux bouts des doigts ces phrases électriques, palpitantes des feux de circulation et des lumières des phares, ces phrases noires, luisantes comme le macadam.
Ce soir, j'ai ces phrases que vous aimiez tant au bout des doigts. Mais vous n'êtes pas là.
Ces phrases... où les passants circulent sans but, sans volonté, vont et viennent dans l’illusion. Ils suivent le courant, fascinés, tenant à bout de bras leur idéal, leur journal ou leur courrier. 
Écrire, se diluer dans la pluie, se fondre dans la foule et arpenter ces grands axes populaires où les rêves se mêlent aux feuilles de platanes et volent dans le vent de ce début d’hiver, imprévisibles et indomptables.
Être aveugler par le désir d’un autre, recevoir en plein visage les mots adressés à une autre… être là où on ne nous attendait pas et découvrir par une logique machiavélique ce que l’on voulait nous cacher…pour nous protéger, nous désarmer, nous exclure…ou bien nous incorporer, par le fait du hasard, au récit qui s’écoule boulevard de l’écriture.
Observer, noter, comprendre. Déambuler, ravaler ses larmes et avancer. Marcher, même en traînant des pieds. Marcher et écrire dans une même volonté.
Cher ami, ces phrases vous ne les entendrez plus, vous me manquez tant.

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